Gloire et douleur : une histoire d’inspiration
« Le cinéma de mon enfance sentait la pisse et le jasmin. »
Le dernier opus de Pedro Almodovar (2019) est une histoire d’inspiration au double sens du terme (physiologique et spirituel.)
Le premier plan donne le « la » : Salvador Mallo (Antonio Banderas) est immergé dans une piscine. Il sort d’une lourde intervention chirurgicale et s’adonne à des exercices respiratoires. La métaphore est d’une étonnante justesse : apnéique, le cinéaste est confronté à la « toile » blanche, à court d’inspiration créatrice, miné par les soucis de santé et les névroses.
Mais cette immersion, qu’on imagine récurrente, déclenche sa mémoire affective ; il se revoit enfant, au bord d’une rivière, entouré de sa mère (Penelope Cruz) et d’autres lavandières. La scène est enchantée et poétique comme un paysage de Nicolas Poussin…
Dès lors, le processus créatif s’enclenche à coup de va et vient entre présent et passé et le film se construit comme un puzzle, morceau après morceau, avec pour fil rouge : l’écran de cinéma.
L’enfance se conjugue avec l’enfance de l’art.
C’est beau et émouvant car toujours retenu : les couleurs cessent d’être criardes, les personnages cessent d’être hystériques.
C’est le film le plus abouti de Pedro Almodovar.
(vu le 12 juin 2019)